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Au milieu du XX° siècle, en 1956, le quotidien Le Monde informe ses lecteurs que depuis le début du siècle, la Bretagne a fait cadeau de six cent mille de ses enfants au pays. L’expression Bretons de Paris semble alors être passée dans la langue ordinaire.
Au début du XXI° siècle, le mot pays a conservé sa polysémie, ses
déclinaisons qui vont du plus petit au plus grand. On peut se demander
quels souvenirs gardent de leurs conditions de départ ces "enfants" qui
ont été parlés davantage qu’ils n’ont parlé eux-mêmes.
On peut aussi faire l’hypothèse que, comme tous les migrants, ils se
sont dé-paysés en se re-territorialisant doublement : dans une commune
ou une municipalité en région parisienne ; et en terre de départ, en
élargissant les frontières de leur "pays" de départ à un ensemble plus
vaste, la Bretagne. On sait que nombreux sont ceux de ces "enfants"
partis qui sont revenus et reviennent encore au "pays" au moment de la
retraite.
Comment se re-paysent-ils à nouveau ? Sur quels territoires
s’installent-ils au gré des trajectoires familiales et parcours de vie ?
Quels mots, quelles catégories de pensée sont mobilisées par ceux
restés au pays pour désigner ceux qui reviennent ?
Et à l’inverse, quelles représentations ont ceux qui sont partis de
ceux qui sont restés ? Le qualificatif Bretons de Paris employé dans les
champs socio-économique et politique est-il employé par le sens commun ?
Est-ce un stigmate ou une ressource ?
Un poème de Jacques Prévert évoque "Un Breton qui revient au pays natal / Il ne reconnaît personne / Personne ne le reconnaît". Comme le mot pays, la reconnaissance est polysémique. Comment s’articulent les différentes formes de reconnaissance entre celles et ceux qui voisinent dans une petite localité, dans un même petit "pays" ?
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